« Son issue est fatale », bloquée à plus de 7 000 mètres sur un sommet du Kirghizistan (13 jours), une alpiniste russe est condamnée

natalia nagovitsyna en haut d'une montagne
Douleurs

L’alpinisme est un sport où la passion côtoie souvent le danger. C’est dans cette zone de tension entre dépassement de soi et survie que l’histoire tragique de Natalia Nagovitsyna, une alpiniste chevronnée âgée de 48 ans, prend racine. Après avoir atteint le sommet du Jengish Chokusu, le toit du Kirghizistan, elle s’est retrouvée coincée à plus de 7 000 mètres d’altitude dans des conditions extrêmes, avec une jambe fracturée. Malgré des tentatives désespérées de secours, c’est un drame qui s’est déroulé sous les yeux du monde.

Quand la montagne refuse de pardonner

Le Jengish Chokusu, également connu sous le nom de pic Pobeda, est le plus haut sommet du Kirghizistan, culminant à 7 439 mètres. Ce géant des monts Tian, situé au cœur de l’Asie centrale, est réputé pour son danger mortel, surtout pendant la descente. Avec des températures frisant les -30 °C, des vents violents, et un manque d’oxygène qui teste même les grimpeurs les plus aguerris, ce sommet est surnommé le « congélateur » depuis l’ère soviétique.

Natalia, forte de son expérience en haute montagne, avait pourtant réussi à gravir ce sommet légendaire le 12 août. Mais comme pour beaucoup d’alpinistes, c’est lors de la descente, lorsque l’épuisement gagne et que l’attention diminue, que les choses ont pris une tournure tragique.

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Une blessure fatale

Alors qu’elle redescendait, Natalia s’est fracturé la jambe, une blessure qui, à une telle altitude, peut rapidement devenir mortelle. Son compagnon de cordée l’a aidée à se réfugier sur une vire étroite située à environ 7 150 mètres, où elle a attendu de longs jours et nuits dans le froid extrême, sans véritable possibilité de se mouvoir ou de redescendre par ses propres moyens.

La lutte acharnée pour tenter de la sauver

Des conditions extrêmes, des secours limités

Les premiers efforts pour secourir Natalia ont suscité un immense élan de solidarité dans la communauté alpiniste. Des équipes italiennes, allemandes et kirghizes se sont organisées pour venir en aide à la grimpeuse. Une tâche dantesque, car à cette altitude, appelée « zone de la mort », même les plus petites actions deviennent titanesques.

Un drone thermique a détecté Natalia vivante le 19 août, apportant un maigre espoir à ses proches et aux équipes de secours. Bien que des vivres, une tente et un réchaud lui aient été fournis par deux alpinistes courageux (un Italien et un Allemand), ils n’ont pas pu la redescendre, à bout de force eux-mêmes.

Les pertes humaines s’accumulent

Le prix à payer pour approcher cette zone hostile a été tragique. Luca Sinigaglia, l’un des deux alpinistes ayant tenté de venir en aide à Natalia, a succombé à un œdème cérébral et repose désormais dans une crevasse à 6 900 mètres. Par ailleurs, un groupe de secouristes a dû abandonner sa mission après que son chef a été victime d’un grave malaise. Même un hélicoptère militaire kirghize, mobilisé pour l’opération, a subi un atterrissage d’urgence à 4 600 mètres, blessant trois personnes à son bord.

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Une mission jugée « impossible »

Face à une météo impitoyable — des tempêtes de neige, des rafales de vent, et des températures glaciales — les secouristes ont dû suspendre leurs opérations le 27 août, en concluant qu’il n’y avait plus aucune chance de trouver Natalia vivante. Les autorités kirghizes ont confirmé que personne n’a jamais été secouru à une telle altitude sur cette montagne, une réalité effrayante qui fait du Jengish Chokusu un lieu où la vie humaine a peu de prise.

Pourquoi les sauvetages à plus de 7 000 mètres sont-ils si rares ?

L’altitude à laquelle Natalia était bloquée est connue des grimpeurs comme une zone de la mort, un terme terrifiant, mais réaliste. Au-delà de 7 000 mètres, l’air devient si mince que chaque respiration est une épreuve, le froid pénètre même les meilleures protections, et le corps humain commence à se détériorer rapidement.

Un exemple exceptionnel a eu lieu en Himalaya où, en mai dernier, deux sherpas ont redescendu une cliente chinoise, sur leur dos, jusqu’au camp IV de l’Everest, à moins de 8 000 mètres. Ce sauvetage est une anomalie, presque un miracle, qui souligne à quel point le sauvetage d’alpinistes dans des conditions similaires est une entreprise quasi suicidaire.

Quand l’alpinisme devient un pari avec la mort

La mort fait partie intégrante de l’histoire de l’himalayisme et des ascensions des plus hauts sommets du monde. Les alpinistes qui s’attaquent à ces défis extrêmes sont souvent conscients des risques qu’ils encourent. Natalia Nagovitsyna, malgré son expertise et sa préparation, a payé le prix ultime dans un sport qui repousse constamment les limites du possible.

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Un hommage à une vie marquée par l’audace

L’histoire de Natalia n’est pas seulement celle d’un drame, mais aussi celle d’une femme audacieuse, passionnée par les montagnes et le dépassement de soi. Elle avait conquis un des sommets les plus redoutables d’Asie centrale au péril de sa vie.

Pour la communauté alpiniste, cette tragédie rappelle l’inexorable brutalité des montagnes, mais aussi leur beauté mortelle. Natalia Nagovitsyna laissera derrière elle un héritage teinté d’inspiration et de douleur, une histoire de détermination face à l’impossible.

La montagne gagne, mais l’héritage humain demeure

Ce drame met en lumière l’importance d’une réflexion profonde sur les limites et les méthodes pour garantir la sécurité en montagne. Si les montagnes resteront toujours imprévisibles et hostiles, c’est la ténacité et le courage, comme ceux de Natalia, qui continuent d’alimenter les récits des plus grandes aventures humaines.

Son histoire est un rappel brutal, mais poignant : parfois, la montagne ne pardonne pas.

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